Lecture de « l’Intranquille » de Gérard GAROUSTE

Lecture de l’Intranquille de Gérard GAROUSTE et Judith PERRIGNON

Lecture de Benoît OLIVIER suivie d’un débat à la Médiathèque de Troyes

APAT
Samedi 11 décembre 2021

Pour introduire le débat :
Le cadre de notre médiathèque troyenne convient tout à fait à cette
présentation de Gérard GAROUSTE, il me semble pertinent à plusieurs titres :

Gérard Garouste est un peintre qui a trouvé son inspiration dans les
grands textes littéraires, prenant sa revanche sur ses difficultés d’enfant
dyslexique. Il a toujours peint « un livre à la main » : « Si la peinture a
enchanté mes doigts, ce sont les livres qui ont nettoyé ma tête
».
D’abord La Divine Comédie de Dante qui a trouvé alors « un réel écho en
lui ». « La suite est une succession de livres et de mots, ils m’ont lavé, récuré
même, et ils m’ont fait peindre ». « Pour créer, je pars des mots, jamais des
images ».

Suivront le Don Quichotte de Cervantès, le Gargantua de Rabelais, le Faust
de Goethe.
Sa dernière exposition, l’été dernier, à la galerie Templon à Paris, était le
fruit d’une rencontre littéraire, philosophique, avec Frantz KAFKA. A travers
une vingtaine de tableaux, trois ans de travail, cette exposition rendait
compte d’une démarche tout à fait particulière : le partage avec un
philosophe, Marc-Alain OUAKNIN, d’une même passion à la fois pour l’étude
de la Bible et du Talmud, et pour la figure de Kafka.

Intérêt pour les grands textes de notre civilisation comme pour les
écrits fondateurs de la culture occidentale, la mythologie grecque et ses
mythes fondateurs qui ont pris une importance fondamentale lorsqu’il a
entamé une psychanalyse, les textes bibliques, la Bible hébraïque, la
Torah, les textes communs aux trois monothéismes, le Talmud, avec au
premier rang des commentateurs Rachi « qui n’allait plus me quitter »
dit-il ; ces textes il les appréhende de la même manière que les mythes :
« en allant au plus profond de chaque verset on touche au plus profond
de l’individu. On est alors dans la rencontre de l’autre
».

Gérard Garouste vit en effet dans et pour un apprentissage permanent.
Pour étudier les textes hébraïques, il apprend l’hébreu depuis plus de
vingt ans, il rencontre de façon hebdomadaire et depuis plus de cinq ans(tous les vendredi soir de 20h à 2 heures du matin) Marc-Alain Ouaknin,
pour une « havruta », étude du Talmud où maître et élève dialoguent et
apprennent l’un de l’autre (une « lecture psychanalytique » selon lui).
Plus qu’aux Beaux-arts qui ne lui ont rien apporté, si ce n’est la
fréquentation de leur bibliothèque, c’est au Louvre, dans les expositions ou
dans les catalogues d’art qu’il s’est initié en autodidacte à la peinture, en
observant ses peintres de prédilection : Vélasquez, Le Gréco, Goya,
Zurbaran, Tintoret, Manet, De Chirico, les Hollandais Rembrandt, Rubens,
Frans Hals. Il désire alors « apprendre le métier » à partir de la technique
des anciens, dans un « besoin de comprendre ce qu’était la peinture en
reprenant tout à zéro : le châssis, l’ébauche, la couleur
». Il va jusqu’à
fabriquer ses couleurs : avec une assistante, il apprend à broyer les
pigments, les huiles, pendant plusieurs années.
Par ailleurs, lorsqu’on lui demande comment il travaille, il explique qu’il a
toujours un carnet sur lui « dans lequel il croque ou il note tout ce que lui
inspirent ses lectures et les études des mythes ou des grands textes
», les
associations libres qui lui viennent malgré lui, «à tout instant » ; « ces choses
aléatoires prennent du sens trois mois, six mois après
», « les idées ensuite
mûrissent quand je rentre dans l’atelier, le tableau est déjà conçu dans ma
tête
» : « je sais où je vais, il ne me reste plus qu’à faire ».
C’est ce travail de la matière, cette technique même qui fait de Garouste un
créateur tout à fait singulier dans l’art contemporain.

Ces apprentissages, cette soif d’apprendre, de nourrir son intelligence
s’inscrivent toujours pour Garouste dans une transmission. Enfant
« dans la lune », craignant son père et lâché par sa mère, il parvient à
trouver dans son entourage l’étayage nécessaire pour ne pas s’éteindre :
dans l’enfance c’est en Bourgogne, où il est accueilli aux vacances
scolaires puis deux années durant, chez sa tante maternelle Eléonore qui
l’encourage à dessiner et son oncle Casso, décrit comme un artiste
« d’art brut » génial, qu’il trouve un « paradis », une ambiance à la fois
chaleureuse et propice à l’imagination.
Ses amis de lycée, dont Patrick Modiano, Jean-Michel Ribes, Francis
Charhon etc. sont toujours très présents et c’est Jean-Michel Ribes qui lui a
permis de commencer à travailler comme peintre.
C’est aussi à 17 ans qu’il rencontre sa future épouse, Elisabeth dont la
présence indéfectible l’étonne encore, avec le désir de celle-ci qu’il existe
comme peintre.
C’est cette transmission que Garouste met en acte à son tour lorsqu’il fonde en
1991, ce qu’il nomme sa « seconde œuvre », l’association La Source qui fête
cette année ses trente ans et qui est désormais implantée dans dix
départements. Née de la conviction que développer la création artistique,
rendre accessible le monde de l’art et de la culture, peuvent contribuer à lutter
contre l’exclusion sous toutes ses formes, son but n’est pas de former des
artistes, mais de donner à l’enfant une dynamique qui l’autorise à s’appuyer
sur ses propres ressources créatives, son imaginaire, pour surmonter ses
difficultés personnelles ; de lui apprendre ou réapprendre à rêver, de lui
donner une dimension vitale, celle du désir : « Favoriser l’épanouissement de
l’enfant et l’éveiller à l’art, c’est cultiver sa sensibilité́, son imagination, son
intelligence, dans la perspective d’en faire un être de désir.
»

Pour boucler la boucle, c’est bien sûr sa vie psychique avec ses
souffrances et sa quête de sens que Gérard Garouste expose dans
l’Intranquille, articulant son sujet dans les trois registres du symbolique
(autoportrait d’un fils, ancrage symbolique de la filiation), l’imaginaire
(autoportrait d’un peintre) et le réel, le réel de la folie ; c’est aussi sa vie
psychique que Garouste met en peinture. Mais si la peinture construit et
répare, la peinture de Garouste est surtout revendiquée comme façon de
penser la langue et les images. Chacun de ses tableaux est pensé,
théâtralisé, comme un récit mythique avec une narration, des symboles,
des références à l’écrit, des jeux de mots etc. Il privilégie le sens de
l’œuvre, la forme n’étant pour lui que le médium permettant d’y
accéder. Il veut redonner à la peinture sa fonction signifiante.
La peinture est « son instrument », elle s’est imposée très rapidement dans sa
vie, dès l’enfance, comme une « question de survie et d’identité » [« je
n’existais qu’à travers mes petits dessins. Ma seule issue dans l’existence était
de ce côté-là
»]. Mais elle est, dit-il, « un outil de travail », « une croûte qui
cache un discours
», au sens d’un écran qu’il donne à voir : « je veux peindre ce
qu’on ne dit pas
», « c’est parce que je ne peux pas aller plus loin dans les mots
et le raisonnement que commence la peinture
».
Cet impossible à dire (point central de la psychanalyse) : « il n’y a pas de vérité
[…]. Ce qui est intéressant, ce ne sont pas ces images, c’est l’inconscient.
[…]Le
plus important est dans le non-dit
», c’est la vision du spectateur qui va en
ouvrir le sens. « C’est le questionnement qui compte, dit-il, L’idée n’est pas de
répondre à des questions à travers mes œuvres, mais d’en poser pour nouer un
dialogue avec le spectateur
». « Si mes tableaux permettent de poser des
questions, alors la partie est gagnée.
»

Quelques réflexions à partir des remarques et questions posées au
cours du débat :

  • Quel est le lien entre art et folie ? , l’artiste peut-il se « guérir » par l’art ?

Gérard Garouste s’insurge contre l’idée d’un lien entre folie et art :
« Cela m’agace toujours un peu qu’on lie la folie à l’art. Moi, ma maladie m’a
empêché de créer autant que j’aurais voulu. Et ce que j’ai peint pendant mes
périodes de délire, je l’ai souvent détruit après, car je n’en étais pas satisfait.
Heureusement, avec les nouveaux traitements, la psychiatrie, j’ai pu avoir de
longs intervalles stables pour travailler. Je suis sûr que si Van Gogh avait eu cette
chance, son œuvre serait encore plus riche…
»
« On ne peut peindre que si l’on va bien. Le délire est un trou noir dont on ne sort
que dans un état d’extrême sensibilité bénéfique pour la peinture, mais le lien
légendaire entre la folie et l’art s’est trop souvent changé en un raccourci
romantique. Le délire ne déclenche pas la peinture, et l’inverse n’est pas plus vrai.
La création demande de la force. L’idéal du peintre n’est pas Van Gogh, s’il n’avait
pas mis fin à ses jours, il aurait fait des tableaux plus extraordinaires encore.
L’idéal, c’est Vélasquez, Picasso, qui ont construit une œuvre et une vie en même
temps. Pourquoi un artiste n’aurait-t-il pas droit, lui aussi, à l’équilibre ?
»
(L’Intranquille, p. 126).
« Tous ces moments de dépression, ce sont des blancs dans ma vie. J’ai 66 ans,
et je n’ai plus assez de temps devant moi pour le voir s’évanouir ainsi
» disait-il
en 2012.
On peut rappeler qu’après ses premières crises maniaques (en 1971) et lors de
la longue dépression qui a suivi, il n’a fait en dix ans qu’un seul tableau (Le
Classique
, 1971).
Bien sûr, Garouste se sert de ses failles, de ses souffrances et de ses
interrogations, comme tout artiste. L’artiste, peintre ou écrivain, travaille
d’abord avec ce qu’il est. La première phase du travail de la création selon D.
Anzieu est ce qu’il nomme le « saisissement créateur » : un mouvement
régressif souvent lié à une crise intérieure, qui mobilise des représentations
archaïques. L’inspiration est selon Anzieu, un « moment psychotique non
pathologique
» où la régression libère des productions fantasmatiques et
affectives et où le créateur a accès à son inconscient.
Mais pour faire œuvre, l’artiste doit transposer cette réalité psychique dans un
matériau, écriture, peinture, musique etc. dont il a la maîtrise. Il choisit un code
et lui fait prendre corps, commence alors le travail psychique de création qui
organise l’œuvre en projet et introduit à l’ordre symbolique. C’est dans la
réappropriation du code et la prise de distance plus ou moins grande par
rapport à ce code, que se joue l’originalité de l’œuvre et que le conflit
spécifique au créateur, entre le Moi idéal et le Surmoi, trouve une issue.
Garouste reprend d’ailleurs à son compte la citation « L’artiste est celui qui a
tout perdu sauf la raison
», d’une part car il se méfie de sa « raison » et sait
que lorsqu’il se noie dans des calculs mathématiques, des interprétations de
signes ou de mots, le délire n’est pas loin. On peut constater d’autre part que
Garouste est un peintre qui construit ses toiles. Sa peinture n’est pas
« pulsionnelle » comme elle peut l’être chez certains artistes d’ « art brut ».
Bien au contraire, par sa technique réfléchie, travaillée, le délai qu’il s’impose
pour faire aboutir une œuvre (il reprend, à distance le plus souvent, un dessin
de ses carnets, il commence une toile, prépare le fond puis les esquisses, il
retourne la toile contre le mur de son atelier, la reprend après plusieurs
semaines, pose les empâtements et les glacis. Au bout d’une semaine, content
ou pas, il la retourne de nouveau et en commence une autre etc.), on peut
penser qu’il se défend de ces « pulsions ».

  • L’Intranquille texte littéraire

L’Intranquille est, comme l’a fait remarquer une intervenante, un témoignage
précieux de la façon dont Gérard Garouste vit sa maladie et s’en explique
l’origine (importance du « secret de famille »). Mais ce texte est le fruit
d’entretiens avec Judith Perrignon, c’est elle qui en a fait une œuvre littéraire,
même si Garouste manie extrêmement bien la parole et s’expose sans réserve
lors d’interviews ou de participations à des colloques ou conférences. On peut
noter que ce texte fait suite pour Judith Perrignon à « C’était mon frère… Théo
et Vincent Van Gogh
« , publié en 2006, écrit également à la première personne
du singulier, à partir de la correspondance des deux frères Van Gogh, de lettres
d’amis peintres dont Pissaro et du dossier médical de Théo auquel elle a eu
accès en Hollande.
Pourquoi alors passer par l’écriture ? Il semblerait que ce soit l’éditrice des
éditions L’Iconoclaste qui ait proposé à Gérard Garouste de se prêter au jeu du
souvenir. Garouste désirait alors témoigner de son parcours de vie : son propos
était de « démonter mot à mot, image par image, cette grande duperie que fut
(son) éducation
» (L’Intranquille, p. 198).
Mais il s’agissait également de témoigner du dialogue singulier qu’est une
psychanalyse dont il dit qu’elle lui a « sauvé la vie » (« je suis né dans cette
période-là
» Vraiment peindre, p.38). A la fois dénonciation et reconstruction,
témoignage et document clinique, L’Intranquille opère la passe du privé au
public.
Garouste avait lui-même tenté d’écrire, se « raccrochant à l’écriture » pour
sortir de sa dépression, au moment où il ne pouvait plus peindre car il n’avait
plus la force de vivre. Il a alors écrit une pièce de théâtre « Le Classique et
l’Indien
» (jouée en 1978 dans un festival de théâtre), inspirée d’un rêve
interprété au cours de sa psychanalyse. C’est ce travail ainsi que la lecture
(lecture de Roland Barthes à cette époque) qui lui ont redonné confiance en ses
capacités d’artiste-peintre. L’écriture est donc plutôt une façon de retisser ou
d’accepter un dialogue avec les autres qu’un matériau d’expression.
Il a été remarqué lors du débat que le fait d’entendre cette lecture à la
première personne du singulier produit un curieux effet sur les auditeurs : qui
dis «je» ?

On peut penser que Garouste lui-même a éprouvé ce sentiment d’inquiétante
étrangeté
, lors de la lecture de l’Intranquille, par Jacques Weber, au Théâtre du
Rond-Point en 2011. Benoît Olivier nous disait en effet que cette lecture avait
produit un « effet saisissant » sur Garouste au point qu’il se sentait très mal et
qu’il a ensuite interdit toute lecture de ce texte !
On peut constater par ailleurs qu’un second texte « Vraiment peindre », paru
récemment en mars 2021, accompagnant la dernière exposition de Gérard
Garouste à Paris, reprend de nombreux éléments autobiographiques de
l’artiste. Le dossier n’était donc pas clos comme Garouste semblait le dire en
conclusion de l’Intranquille : « Je me crois enfin débarrassé d’une vieille peau,
d’une croûte qu’on gratte enfant jusqu’au sang. Ma tête s’est ouverte, elle s’est
vidée d’un noir mirage, par la peinture et ici avec les mots
» (p.201).
Ce nouveau texte se présente sous formes de dialogue, questions /réponses,
avec Catherine Grenier. Est-ce à la demande cette fois-ci de Garouste ?
En tout cas il est plutôt un autoportrait de peintre qu’une autobiographie. En
témoigne son titre : Vraiment peindre, au double sens de s’impliquer
totalement dans la peinture et ne pas être dans la duperie ou l’imposture, cette
imposture toute paternelle contre laquelle Garouste a érigé son œuvre.

  • Fonction signifiante de la peinture de Garouste

On peut constater à lire et à écouter Gérard Garouste se raconter, qu’il s’en
tient à une série limitée d’anecdotes autobiographiques exprimées avec les
mêmes mots, comme autant de souvenirs écrans ; il parle presque
exclusivement de sa relation à son père, seul point de référence, ne dit que
quelques mots de sa mère, « effacée », « fuyante », dupliquant ainsi sa place
manquante, dans une volonté de choix et de maîtrise du discours. Même
lorsqu’il aborde l’intime, il ne nous donne jamais l’impression d’un « tout dire »
propre à la psychanalyse.
Son obsession pour les origines, son incapacité à accéder au féminin (où l’on
peut lire comme l’a fait remarquer un intervenant, une impossibilité de se
représenter la scène primitive), son déni d’une sexualité génitale, sont autant
d’éléments d’une clinique de la psychose, qu’il parvient à sublimer dans son
œuvre, à symboliser.
De la même façon, il pratique l’autoportrait en peinture de façon répétée, mais
proclamant toujours l’écart de celui-ci par rapport à la réalité (le seul visage
que l’on ne puisse voir de façon directe étant le sien), il donne à sa figure
toutes sortes d’attributs (le nez allongé par le mensonge de Pinocchio,
l’entonnoir du fou, le masque etc.). Rappelons que l’autoportrait révèle
toujours une part inconnue de soi qui échappe à notre connaissance et à la
seule vision spéculaire.
Avec ses jeux sur les mots, ses représentations allégoriques, ses créatures
hybrides qui en font l’héritier d’un Jérôme Bosch et de la tradition mystique de
la peinture du Moyen-Age, comme l’a souligné un intervenant, sa peinture est
cryptée, elle fait énigme.
Afin de structurer sa pensée Gérard Garouste construit en effet son propre
mythe
:
« Je considère ma propre vie comme un mythe : il n’y a pas de vérité, ces
scènes que j’ai vécues, que je vous ai racontées, ce sont des images-écrans. Ce
qui est intéressant, ce ne sont pas ces images, c’est l’inconscient. […] La seule
manière de transmettre un secret est de raconter tout ce qui est autour du
secret, pour que la personne le trouve elle-même. […] Raconter ma propre vie
de manière consciente est une façon de mettre en scène ce qui m’échappe, qui
est de l’ordre de l’inconscient.
» (Vraiment peindre, p. 116).
Son mythe personnel est issu d’un rêve ancien, le Classique et l’Indien : ils
avancent ensemble et l’un ne peut se passer de l’autre, oscillant entre raison et
folie, entre aspect pulsionnel et élaboration, entre règle et intuition, ils sont
l’incarnation de la nature humaine divisée. C’est dans cette construction en
filigrane tout au long de son œuvre que le peintre trouve son identité et son
équilibre.
La citation de KAFKA « Maint livre agit comme une clé pour les salles obscures
de notre propre château
» pourrait s’appliquer à Garouste. Il nous « donne à
voir » ce qui « marche pour lui » : « (sa) peinture est en harmonie avec la
société
», dans le même échange qu’il a voulu avec son association La Source.
Son questionnement nous invite à participer au jeu qui parcourt son œuvre :
« moi, je considère que vivre c’est jouer » dit-il, un jeu avec ses règles et
l’invention à l’intérieur de ces règles, métaphore de la condition humaine et de
la créativité. « Il faut inventer avec ce que l’on est, à l’intérieur de nos limites ».
Il nous invite ainsi à l’accompagner sur son chemin artistique et philosophique,
un chemin où l’on n’arrive jamais, où l’on est toujours en marche [voir la
citation de Rabbi Nahman de Bratslav, « Ne demande jamais ton chemin à celui
qui le connaît. Tu risquerais de ne pas t’égarer
» en exergue à l’Intranquille].
Comme l’affirmait Freud, l’artiste est un psychanalyste sans divan : « Ce qui est
bien dans la peinture, c’est que c’est un peu comme si l’inconscient de l’artiste
s’adressait à l’inconscient du public : il y a une sorte de transfert d’inconscient
sans mots. On ne peut imaginer son importance.
» (Garouste : Entretien à l’Institut
Français
, 24 avril 2020).
Au moment où l’espace de la pensée, la place du sujet, son désir, doivent être
préservés, Le travail de Gérard Garouste rejoint ce que peut encore l’art
comme la psychanalyse.

Publié par Psy-Troyes

Psychologue, psychothérapeute, psychanalyste

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